En ce moment-lieu de vérité historique, Ethan retenait une attention particulière; protagonistes ou antagonistes par leur trop grande coïncidence allaient selon lui se neutraliser. Tirer une lucidité accrue sur ces deux menteurs qu’étaient le triomphe et la défaite avait été sa chance et sa seule grande affaire. Son anticonformisme et sa dé-coïncidence, par leur douloureuse exigence et leur demande d’effort constant lui avaient permis d’échapper une fois de plus à l’obsolescence programmée de la pensée passionnelle et totalitaire. Cette histoire est donc celle du mouvement face à la sidération, de la douleur et de la réminiscence aussi, toutes deux parturientes de la vérité d’un homme pour autant qu’il ne se laisse jamais submerger. Et ensuite la guerre avait d’abord emporté Hugo et puis Rosa ; rien à voir l’un avec l’autre pour les circonstances. Simplement les murailles, pour eux, n’avaient pas résisté aux bons endroits. Ethan avait pu fuir avant les représailles sanglantes, toute une semaine rouge en fait, pour reprendre ailleurs ce qu’il sait le mieux faire, caresser le succès sans jamais l’enlacer tant il sait qu’il se retournerait contre lui, le métamorphoserait et l’effacerait. A ses yeux, le succès valait un détour, mais pas plus; Il avait su tourner le dos à la fois aux démons et aux anges du grand soir.