Il avait enchainé très vite :
Tiens, assieds-toi, il semble que certains en évoquant Rosa, tu la connais sûrement,
la considèrent un peu comme mon alter-ego, mon opposé, voire mon « même inversé » si tu vois ce que je veux dire, ce qui n’est pas très flatteur pour moi soit dit en passant tant j’ai du mal avec ceux qui comme elle ne se battent que pour accroitre un peu plus et assez paradoxalement d’ailleurs l’empire de leur propre servitude aux idéologies et ça comme si, en plus, leur salut personnel en dépendait. Les idéologies me rebutent et forment pour mon palais comme une sorte de ragoût indigeste;
Hugo poursuivait sa charge : Rosa, en dépit ou plutôt à cause de son militantisme historique et dans sa conquête du pouvoir est complètement dépassée par cette guerre qui annonce l’effondrement des états-nations et des frontières traditionnelles. Embarquée dans une sorte d’escalade de l’engagement, son esprit et son cerveau, dévoyés par l’habitude partisane et le gout du nihilisme, pourraient bien lui jouer des tours; D’avoir eu à rallier ceux qui assènent des vérités et ressassent leurs certitudes, me lasse parfois et je préfère encore cet Ethan qui s’expose, même s’il doute et dont on dit même qu’il hésite souvent. Elle parle souvent de Démocratie mais c’est de démocrature dont il s’agit. Mal nommer les choses, c’est pire que mentir, c’est tricher; Militante et syndicaliste, sa posture déjà plus très attractive est dans une impasse historique totale tant l’engagement aujourd’hui a changé de nature et se tourne vers une éthique de responsabilité individualisée et innovante plutôt que collective ; un peu comme celle d’Ethan d’ailleurs quand j’y songe... il n’est nul besoin de révolution, il suffit que les masses cessent de coopérer, et la grande machine à broyer se grippera d’elle-même.