On le savait ; les cadets ont une forte propension à se rebeller. Illustration de cette assertion quand Freud écrit à Thomas Mann en 1936 : " …je me demande s’il n’existe pas dans l’histoire un homme pour qui la vie de Joseph a pu être un modèle mythique…je pense que Napoléon Ier est cet homme… son frère ainé s’appelait Joseph… Dans toutes les familles corses, le droit d’ainesse est respecté avec une crainte sacrée …le frère ainé est le rival naturel, le cadet éprouve à son égard une hostilité élémentaire…Eliminer Joseph, prendre sa place…ont dû être chez Napoléon enfant le sentiment moteur le plus fort…mais ces motions infantiles excessives tendent à se retourner en leur contraire…le rival haï devient un être aimé. Il en fut ainsi pour Napoléon…l’ancienne agressivité…n’attendait que d’être déplacée sur d’autres objets. Des centaines de milliers d’individus indifférents expieront le fait que le petit homme féroce a épargné son premier ennemi…Ensuite il devient infidèle à son mythe…De cet acte date son déclin. Le grand destructeur travaille dès lors à sa propre destruction…C’est comme l’autopunition…du retour de son amour vers l’hostilité originaire à l’égard de Joseph… "