Je ne sais parler que de ce que j'ai éprouvé...

j'ai éprouvé l'abandon très tôt, il m'a fait libertaire;

j'ai éprouvé l’Espagne et l'Algérie qui m'ont offert leur fierté solaire;

J'ai éprouvé l'exil, sans rien pouvoir y faire;

j'ai éprouvé une maladie assez spectaculaire;

j'ai éprouvé l'internement dans des maisons de désolation, certaines presque militaires;

j'ai éprouvé une guerre, pour laquelle en vain je me suis porté volontaire;

j'ai éprouvé la relégation qui rend brusquement secondaire;

j'ai éprouvé les cœurs attiédis et depuis le nomade en moi vomit les sédentaires;

j'ai éprouvé l'échec parfois et bégayé aussi, mais toujours fait plus que le nécessaire;

j'ai éprouvé la lucidité et avec elle la solitude, sans pour cela faire d'histoires malgré les dérobades, les petites lâchetés et les remarques couvertes de glaires;

Mais à l'approche du baisser de rideau, c'est pourtant un regard bienveillant et apaisé que je pose sur ma vie, ma carrière et mon itinéraire;

Et n'ayant pas le choix, ça m'ira comme ça, n'en déplaise à certains esprits chagrins ou mercenaires.